Syndicat FO des Personnels du C.G. 44 - focg44
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Pas de retraite pour le mensonge ...
vendredi 25 juin 2010
par focg44

Il s’agit ici de l’expression individuelle de l’un des membres du "collège cadres FO", qui, si elle est sans doute majoritairement partagée par nos adhérents, ne se veut pas pour autant l’expression en tant que telle du syndicat.

Le Comité Confédéral National de FO a publié une résolution qui résume la position de notre syndicat sur les domaines fondamentaux de notre vie de citoyen. En ce qui concerne la situation économique, je retiendrai le passage suivant : « La crise montre qu’il faut changer de modèle. L’augmentation du pouvoir d’achat est une nécessité sociale et économique. Elle est également une des conditions d’une répartition différente des richesses produites ».

Beaucoup d’entre nous en prenne conscience aujourd’hui : c’est une véritable lutte des classes qui s’est de nouveau engagée. Mais, si les enjeux n’ont pas beaucoup changé depuis l’aube de l’humanité - l’argent et le pouvoir -, la forme que revêt le conflit est inédit : les oppresseurs sont plus localisés, mais mondialisés ; ils ne sont plus identifiables personnellement, mais dématérialisés derrière le paravent de leurs sociétés de profit (il y a bien des hommes richissimes derrière ces sociétés-écrans, mais ils sont comme des ombres pour nous).

Cela signifie que les formes de la lutte syndicale doivent également évoluer. Si les manifestations locales peuvent toujours réussir à déstabiliser ce système d’oppression dont les composantes sont interdépendantes, l’action serait encore plus efficace si elle était réellement coordonnée au niveau européen et mondial. Car, ne nous faisons pas d’illusion, dans la nouvelle architecture internationale qui s’est construite progressivement, discrètement et souterrainement, ce n’est plus seulement le « patron » et ce n’est plus seulement « le gouvernement » qui peuvent être les cibles de nos revendications : car ce sont les « investisseurs-actionnaires-spéculateurs » qui se révèlent être les véritables propriétaires des entreprises multinationales et qui sont les usuriers des gouvernements surendettés. Ces nouveaux adversaires avancent cachés et sont d’autant plus redoutables.

Patrons et gouvernements sont devenus otages de leurs créanciers : les grands patrons ne sont plus vraiment les maîtres de leurs entreprises, mais les fameux marchés ; les gouvernements ne tiennent plus les rênes de leurs pays, mais les marchés, dont l’Europe, entre autres, s’est faite la servante docile (pour ne pas être plus vulgaire), mais aussi les médias – de plus en plus contrôlés par les États - qui sont devenus les nouveaux héraut des gouvernements : « Oyé, Oyé, bonnes gens : l’heure est grave ; les caisses du royaume sont vides ; c’est inéluctable ; nous avons besoin de votre contribution ; soyez solidaires ! ».

Les caisses sont vides ? Mais où est donc passé le trésor royal ? Les sournois extraterrestres dont on cherche à nous cacher l’existence dans la secrète zone 51 ont-ils fait soudainement main basse sur les ressources de la planète terre ?

Soyons un peu sérieux : le précieux trésor est toujours là, quelque part, mais il a changé de poches. Les profits – même s’ils se font discrets pour éviter le scandale – continuent de croître, puisqu’on a annoncé 200 milliardaires de plus en 2009 qu’en 2008… en pleine crise ! Mais cette croissance financière ne profite qu’à une extrême minorité et c’est cela qui est profondément immoral. Un profit qui ne permet pas d’améliorer les conditions de vie de l’humanité, perd tout sens. Le profit pour le profit est une déviance pathologique grave…

C’est pourquoi, comme beaucoup d’entre nous, je ne peux accepter la contre-réforme des retraites telle qu’elle nous est proposée, je ne peux accepter la contre-réforme de la sécurité sociale telle qu’elle ne manquera pas ne nous être proposée très bientôt. Je ne peux pas accepter la contre-réforme des prestations familiales qui va suivre ainsi que la destruction de tout ce qui avait été mis en place, au niveau social, après la dernière guerre, sur la base de valeurs humanistes, pour améliorer la condition humaine.

Malgré la crise, les banques ont presque toutes déjà remboursé leurs emprunts (accordés à des taux préférentiel) et recommencent à faire des profits insolents redistribués généreusement aux traders et aux actionnaires. Mais comment font-elles ? Elles se rémunèrent sur notre argent, en toute légalité, de la manière la plus simple du monde. Prenons un exemple : vous déménagez et vous vendez votre maison ; le temps de trouver un autre domicile vous placez votre argent dans votre banque sur un compte rémunéré ; quel sera le taux proposé ? : entre 0,6 et 1,5%. Demandez donc à votre banque à quel taux elle vous prêterait la somme que vous avez placé si vous étiez emprunteur ? : de 3,5 à 4,5 % ! C’est si facile de faire du profit, finalement, quand on peut s’enrichir en spéculant avec l’argent des autres…

C’est pourquoi, lorsque le Comité Confédéral National de FO revendique une meilleure répartition des richesses, il ne demande pas une aumône. Il ne demande que la justice : que ceux qui mettent leur argent à disposition de ceux qui le font fructifier à leur profit exclusif, puissent eux aussi avoir un retour sur investissement au travers d’une réelle progression sociale : les soins, l’éducation, la retraite, les prestations familiales…

Il faut dénoncer la manipulation médiatique qui consiste à laisser croire que les dégradations sociales sont la conséquence inéluctable d’une crise mondiale que l’on n’avait pas prévue et que l’on ne maîtrise pas. Les sociétés de profit qui rachètent les entreprises savent qu’il faut leur faire cracher du « cash » très vite pour avoir un retour sur investissement maximum : ce qui implique une mise à contribution maximum des salariés : réduction des effectifs, augmentation des cadences, hausse des objectifs de productivité… avec, en prime, un accroissement du chômage, une discrimination des moins « performants », une augmentation de la souffrance au travail, développement des troubles musculo-squelettiques, etc.

C’est la même stratégie juteuse qui est appliquée aux États, considérés comme de simples entreprises. En effet, ces mêmes sociétés de profit qui prêtent à haut taux à tous les gouvernements qui voient ainsi leur dette sociale se creuser inéluctablement, savent qu’il faut leur faire cracher du « cash » très vite pour avoir un retour sur investissement maximum : baisse du montant des pensions de retraite, réduction de la durée de versement de ces pensions, diminution du remboursement des soins, réduction des effectifs d’enseignants, fermeture de classes, diminution des prestations familiales, des aides financières aux plus démunis, de la durée de l’indemnisation des demandeurs d’emploi… avec, en prime, une dégradation progressive de la santé physique et mentale de la population, un accroissement de la précarité des plus démunis, une augmentation du taux de suicides, une banalisation de la souffrance sociale, l’instauration d’une forme de fatalisme passif, etc.

Quelle société voulons-nous pour demain ? Puisque les politiciens de tous bords sont, pour la plupart, eux aussi, dépendants des marchés qui financent leurs couteuses campagnes électorales hyper-médiatisées, l’action syndicale libre et indépendante des partis politiques – telle que FO la propose – me semble rester l’un des refuges de ceux qui continuent à défendre de vraies valeurs : celles qui restent centrées sur l’humain.

Michel Philippe